Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Perception du politique
1 novembre 2017

Les consommations font des Economies

On parle souvent de la consommation mais je pense qu'il en existe plusieurs. Il y a d'abord la consommation au moindre prix, sans doute la plus répandue, qui consiste à acheter au plus bas prix sans critère de qualité ou autre. Son inconvénient est qu'elle soutient une concurrence des prix, qui impacte les entreprises de façon différente selon leurs marges: certaines devront obligatoirement baisser leurs couts de production, avec augmentation des licenciements et/ou baisse des salaires et/ou délocalisation, d'autres n'ont pas cette obligation (mais peuvent la réaliser cependant voyant un manque à gagner). La volonté d'augmenter la production ne semble pas relever de la concurrence des prix et de la consommation au moindre coût, puisqu'elle concerne un critère quantitatif: produire le maximum de biens possible et vendre abondament pour multiplier la marge sur un produit.

Le coût du produit quant à lui dépend du coût de production, soit le coût du travail ajouté au coût des matériaux et matériels nécessaires; de la marge de bénéfice sur un produit décidée par l'entreprise; des dividendes éventuels versés aux actionnaires; du nombre d'entreprises intermédiaires par lesquelles ont transité le produit avant sa vente (et de leurs marges); des taxes sur le produit; de diverses autres dépenses (marketing...)

Evidemment, quand on rogne sur le cout de production, soit on contribue à l'injustice quand il n'y a pas de salaire minimum viable dans le pays de production (dans le cas d'une diminution de salaire), soit on pénalise les producteurs de biens primaires ou intermédiaires. Et plus la liste de composantes dans le prix final du produit est longue, plus il est probable que la valeur du produit est sous-évaluée comparativement aux dépenses qu'il aurait fallu effectuer pour l'équité.

Ainsi dans le cas des GMS (grandes et moyennes surfaces), comme il y a beaucoup de facteurs, actionnaires, intermédiaires, tva, marges bénéficiaires élevées (sinon comment expliquer la floraison des GMS coûteuses?), les couts de production sont diminués ce qui est la pire des choses, en minimisant le nombre de salaires et en favorisant les prix dérisoires des matières premières et produits agricoles. Les CP sont diminués non évidemment par les GMS elles-mêmes, mais par répercussion successive de pressions: les GMS imposent leurs prix aux grossistes, qui doivent composer et les prix baissent jusqu'à la source. Le prix des matières premières nous semble donc plus déterminé par les politiques industrielles dominantes que par les cours de la bourse.

La concurrence des prix encouragée par la consommation au moindre coût peut théoriquement impacter n'importe quel aspect, sauf les taxes, des composantes du prix de vente final. Concernant les entreprises intermédiaires de transit, soit l'entreprise qui vend le produit n'en use pas car elle se fournit directement au producteur, soit l'entreprise appartient à la grande distribution et centralise de nombreux produits aux provenances diverses, régionale, nationale ou internationale, nécessitant un traitement intermédiaire. Il est évident que le coût de ses produits serait largement supérieur si toutes les étapes intervenant dans le coût final du produit recevaient un traitement équitable. Aussi, comment les produits présentés par cette grande distribution parviennent-ils à être concurrentiels au niveau du prix par rapport à la production locale, qui généralement s'encombre de peu de frais de transport et d'intermédiaires, et même sans doute d'une marge modérée?

Il faut revenir sur ce que nous avons dit précédemment en excluant la production totale de la valeur du produit vendu, car les prix de gros entrent en compte et des réductions sont établies pour les achats de grandes quantités de marchandises, qui permettent à la grande distribution de concurrencer la distribution locale, avec la diminution également des couts de production en destination de celle-ci, malgré les surcouts de transport, de marges bénéficiaires successives, des éventuels dividendes. A cela s'ajoute le pouvoir centralisateur de la grande distribution qui peut vendre certains produits à perte comme augmenter les prix sur d'autres produits et compenser les pertes précédentes. Sans compter les rumeurs de pratique illégale de déréférencement de produit... A noter que la production locale peut aussi être vendue dans ces grandes enseignes, mais il faudrait s'interroger  à propos des conditions dans lesquelles se font les transactions. Lutter contre la diminution des couts de production passerait-il par une transparence améliorée de la grande distribution et l'interdiction des prix de gros (ou le plafonnement des réductions)?

En tous les cas la consommation au moindre coût, qui passe souvent par les grandes surfaces, semble favoriser encore cette diminution car les entreprises tendront à favoriser elles-mêmes la diminution de leurs dépenses. Mais une élévation des prix ne résulterait pas forcément en une augmentation des CP, pour cela il faudrait rendre possible, ou plutôt mettre au jour d'autres types de consommations potentielles.

Dans l'état actuel des choses, vu la raréfaction des échoppes diverses, peut-être due autant à la multiplication des grandes surfaces qui a diminué l'influence de la consommation de proximité, qu'à la concurrence des prix, aboutissant donc à la fusion de la concurrence des prix et de la concurrence de proximité, mais peut-être pas à la suprématie de la concurrence de prix sur la concurrence de qualité. Cette raréfaction s'est faite il me semble sur quelques dizaines d'années, ce qui laisse à penser que la relative résistance des échoppes et du phénomène de proximité sont témoins de l'importance que ce dernier revêt, et que le caractère pratique est un critère essentiel dans la conommation.

En somme, la grande distribution cumule aujourd'hui les attraits des prix et de la proximité, ce qui accroit doublement son influence, sauf en centre-ville quoique les moyennes surfaces y soient bel et bien, et lui procure les revenus de ces deux consommations, qui correspondent parfois à un seul budget. Ce que je veux dire c'est qu'avant les deux types de consommation se confrontaient, quand par exemple quand la GMS la plus proche était trop loin.

Il devient donc difficile d'estimer le potentiel de la consommation de proximité vu cette fusion, car les GMS tirent les prix vers le bas et on peut croire que le seul facteur de concurrence est le prix. Pourtant le lieu est aussi fondamental, et le consommateur compare rarement je pense, une fois entré dans un magasin, le prix de qu'il y achète au prix qu'il aurait obtenu ailleurs. L'immobilier doit être aussi un phénomène illustrant ce point, on paye le loyer ou achète son habitation, souvent, dans la ville où le marché du travail, l'offre d'éducation, nous a mené, en comparant les prix des quartiers et non des villes entre elles; et sans que d'autres critères entrent en compte.

Nous avons donc une économie du moindre prix qui s'est développée fortement, qui a absorbé l'économie de proximité ou presque, puisque cette dernière a pris récemment de nouveaux modèles (comme la coopérative bio), sans compter que le modèle ancien bien que diminué existe encore (les petits commerces. Ce modèle ancien cependant correspond plus à des consommations de qualité et de proximité qu'à une consommation responsable, si on admet que la consommation responsable implique du consommateur une volonté de s'assurer du bienfondé des couts de production déployés, de l'inocuité des produits (...) même si la production du produit vendu peut-être effectivement responsable. J'imagine en effet par exemple qu'une boucherie peut se procurer des viandes provenant de différents types de productions. Autre exemple, les pharmacies ne vendent pas que des produits certifiés durables.

En fait la consommation responsable est une initiative complexe, car elle ne semble concerner que l'agro-alimentaire, les cosmétiques et paraît-il quelques vêtements par le biais du label AB, et implique souvent un effort contre la proximité, surtout dans les villes. Si on veut consommer responsable, je ne sais pas, en informatique, technologique ou encore immobilier, la situation devient plus compliquée pour la recherche d'informations, et peut-être financièrement parlant. Pourtant c'est un type de consommation très recherché par la population, comme le montrent les dernières publicités de la grande distribution, et la présence de produits bio au sein de celle-ci (même s'il est peu probable qu'y acheter bio soit soutenir le développement durable). Cette GD présente ainsi les conditions de travail à la télévision. Bref, la consommation responsable est une forte demande à laquelle il y a peu de réponses sérieuses, l'économie y afférente est faible.

Il y aurait plusieurs autres types de consommations à décrire, captives (médicaments), semi-captives ? (immobilier, eau, électricité), de luxe (...), concernant les secteurs primaire et secondaire, qui sont à mon avis la base économique sans laquelle le tertiaire ne peut se développer. Notre théorie est donc qu'il n'existe pas une mais des économies se basant sur diverses consommations, qui s'affrontent parfois, comme par exemple quand l'économie de concurrence des prix absorbe partiellement celle de proximité, ou que l'économie spéculative s'accapare d'une partie de l'économie de concurrence des prix...

Publicité
Publicité
Commentaires
Perception du politique
Publicité
Archives
Publicité